mercredi 4 octobre 2023

Lampe industrielle

Malou est sculptrice : https://metamorphozes-artcontemporain.com/?page_id=856

Sa lampe n'est pas pour la déco : La patine, les taches de colle, plâtre ou peinture en témoignent.


Mais elle ne s'allume plus. Et Lionel sait qu'on doit essayer de la réparer.

Démontage.

On peut voir l'intelligence du procédé qui permet la rotation des articulations, sans plier un fil qui passerait au travers : Deux pistes concentriques sont maintenues en contact avec celles de l'autre segment, par l'intermédiaire de rondelles en ressort ondulé.

Je me contenterai de nettoyer chaque contact, et de resserrer convenablement les articulations pour assurer une bonne pression sans bloquer.

Panne 1.

L'axe du bouton est tordu, il est "mou du clic". R.I.P. 

Si je n'en ai pas de similaire ce n'est pas grave, car je préfère le remplacer par un interrupteur qui coupera les 2 fils - phase ET neutre -. Dans une lampe tout en métal c'est aujourd'hui une sécurité élémentaire.

D'ailleurs on peut voir que cette lampe ne possédait même pas de fil de terre ! On doit corriger ça aussi.

J'ai remplacé l'interrupteur par un discret "switch" à levier qui supporte 250V, 3A. Avec les ampoules Led c'est plus que suffisant.

Le nouveau câble passe par le trou de l'ancien inter, protégé par une gaine. Cela permettra éventuellement de fixer la lampe sur un autre meuble sans passage de câble.


Panne 2.

En retirant l'ampoule à baïonnette je sens que ça "branlotte" un peu. Au démontage de la douille cela se confirme. Un des plots ne tient plus. Sur le cylindre femelle en laiton, la collerette rabattue  est fendue.

Là c'est plus problématique car même en fouillant dans le carton des vieilleries électriques trouvé dans le grenier de la maison, je ne trouve pas de support compatible.

Et les contacts sont sertis dans la céramique : Impossible de les remplacer.

La seule solution que j'ai trouvée est de réparer le cylindre à l'aide d'un anneau soudé à l'extrémité. Un bout de ressort a fait l'affaire.

Ça fonctionne.

Malou a récupéré sa lampe, et en remerciement m'a fait parvenir - par l'intermédiaire de Lionel - une bouteille de bon vin.


Et pour couronner le tout, Lionel l'a accompagnée d'une nouvelle radio "TSF" de 1957, qui a rejoint la collection.

Si tout le monde me remerciait comme ça, je finirais alcoolique, noyé sous un tas de vieilleries à réparer.

N'hésitez pas, j'aime bien l'idée.

Merci Malou, merci Lionel.



samedi 30 septembre 2023

Meuleuse Hitachi G135E

Gilles m'a demandé si je pouvais jeter un coup d'œil à sa meuleuse d'angle, qui ne démarre plus. L'interrupteur poussoir ne fait plus "clic".

Les outils de bricolage avalent de la poussière, souvent un bon nettoyage suffit à les prolonger.

Ici, si la poussière ne manque pas, ce n'est pas la cause du blocage. Avec l'interrupteur ouvert on peut voir que la languette qui devrait basculer vers le haut, reste bloquée alors que le ressort pousse bien dessus.

Elle est collée en bas, prisonnière de plastique fondu du boîtier.

Traversé par le courant, le point de contact sali et usé a chauffé pendant l'utilisation. En relâchant le bouton, la languette brûlante poussée par le ressort s'est incrustée dans le plastique qui l'a immobilisée en refroidissant.

Un bon nettoyage du contact et un grattage du plastique auront suffi à sauver cet outil jusqu'à sa prochaine panne. 

Durée de l'intervention : 15 minutes.

Rien de bien glorieux dans cette réparation, qui ne justifie ce texte que pour montrer :

"Avant de remplacer un outil en panne, on peut essayer de le réparer."

Et si on doit en acheter un neuf, c'est toujours plus sympa de déposer l'ancien dans une ressourcerie qui tentera peut-être l'opération "seconde vie", qu'à la déchetterie.


dimanche 25 juin 2023

Horloge de table "Calor"

Lionel a trouvé cette belle petite horloge de table en bakélite tachetée, fabriquée par Calor.

Elle est électrique en 110 V et date donc probablement des années 50 ou 60.

Extérieurement, rien à dire à part l'habituelle poussière solidement accrochée dans les coins...

Horloge Calor ©electrautopsyHorloge Calor ©electrautopsy

...et le fait que j'ai oublié de prendre une photo avant de l'ouvrir.

Comment ça marche ?

Le moteur est un simple électroaimant alimenté directement par le secteur.
Le champ magnétique alternatif est dirigé autour d'une roue crantée, et grace au léger décalage des "pointes" et "creux" entre la droite et la gauche, la roue tourne (presque).
Il faut initier la rotation à la main (dans le bon sens !) à l'aide de la molette. Une fois la rotation démarrée, le moteur l'entretient avec la précision du 50 Hz.


Horloge Calor ©electrautopsyHorloge Calor ©electrautopsy

Horloge Calor ©electrautopsy

Et en 240 V ?

Peut-on la faire fonctionner aujourd'hui en 220~240 V ? Oui évidemment, avec un transformateur extérieur.

Horloge Calor ©electrautopsy

Mais on va essayer de faire plus discret.

L'idée est simple : Le courant consommé devant être très faible, un condensateur (=capacité) en série devra présenter une impédance telle qu'il ne restera plus que les ~110 V nécessaires aux bornes de l'électro-aimant.

Pour info : On utilise un condensateur plutôt qu'une résistance car il ne dissipera pas de chaleur.
Pour en savoir plus on peut lire : http://www.marcspages.co.uk/tech/6103.htm (en anglais).
Par sécurité j'opte pour une tension de service de 630 V, bien que 400 ou même 250 devraient suffire. 

Avec le transformateur, je mesure 40 mA pour 115 V (moteur tournant).

Horloge Calor ©electrautopsy

En 240 V il faut donc "perdre" ~130 V sous 0,04 A soit 130/0,04 = 3250 Ω (*).
Avec pour impédance z = 1/(2.𝛑.f.C) avec f=50 on a théoriquement C ≈ 1 μF.

Théoriquement... Je me méfie un peu de ce calcul, car c'est oublier que l'électro-aimant est une bobine. On construit donc ici un circuit LC dont le comportement dépend de l'inductance et dont le facteur Q peut produire des tensions assez... inattendues. Surtout que je n'arrive pas à mesurer l'inductance.

Je décide donc de travailler par approximations, en commençant par une capacité de 10 nF.
Et c'était une bonne idée, car j'obtiens ~100 V avec seulement 320 nF (220 + 100 en //).

Je n'ai pas suffisamment de valeurs de capacités 630 V en stock pour approcher plus précisément 110 V. Le moteur tourne, la bobine reste froide, on va se contenter de ça. Comme conseillé par tous les auteurs qui s'y connaissent plus que moi, je place une résistance en série (120 Ω) pour ne pas stresser la bobine au branchement (**).

J'ai placé les 3 composants sur un bout de plaque "proto" (en bakélite également), ce qui permet de souder solidement les fils très courts de l'électro-aimant. C'est moche mais toujours moins dangereux qu'un domino et un fil branlant. Et j'ai pas réussi à faire mieux.

Horloge Calor ©electrautopsyHorloge Calor ©electrautopsyHorloge Calor ©electrautopsy

Naturellement le cordon a été changé et reste brun, et la prise - en bakélite toujours - a été reprise.
Pas question d'utiliser un câble moderne avec prise de terre, donc on évitera de poser cette horloge sur la bord de la baignoire.

note: Si on avait tenté d'utiliser une résistance de 3250 Ω, elle aurait dissipé 130*0,04 = 5,2 Watts ! Largement de quoi cramer la bakélite à proximité.

Nettoyage et remontage.

Comme d'habitude je ne peux pas rendre un objet sans l'avoir nettoyé au mieux. Avec la bakélite il faut se méfier des produits chimiques, j'ai fait un essai à l'intérieur.
Décrassage difficile au produit à vitres, suivi d'un polissage vigoureux au... WD40 qui laisse un brillant "propre" sans l'aspect trop brillant de la cire ou des vernis. 


Horloge Calor ©electrautopsy

Temps passé.

Les personnes qui me confient un objet ne se rendent pas compte du travail souvent nécessaire.
Alors quitte à réparer une horloge, pour une fois j'ai mesuré le temps passé.
Entre :
- les mesures,
- les essais,
- les ratés à tenter de cacher les composants,
- le bricolage pour trouver où et comment placer un bout de plaque et les composants,
- la recherche de vis manquantes dont le filetage n'est évidemment pas standard,
- la réparation d'un filetage cassé au bout d'une colonnette,
- le remplacement (fabrication) de la molette manquante,
- la recherche d'un bout de câble marron (je crois en avoir quelque part. On va quand même pas en acheter...)
- le nettoyage,
- etc...
J'ai passé entre 6 et 8 h sur cette horloge. Sans compter les composants et produits que je donne car je les ai sous la main.

Évidemment si je devais reproduire demain exactement la même opération, cela ne prendrait qu'une heure. 
Mais je ne verrai probablement jamais deux fois le même objet ou la même panne. C'est ce qui fait le l'intérêt de l'opération : Chercher, douter, quelque fois réussir. Et faire plaisir à quelqu'un en lui rendant son objet.

N'étant pas professionnel je ne me risque pas à faire un devis comme certains "amis d'amis" me l'ont demandé. Le coût estimé serait souvent prohibitif.
Quant au délai... n'en parlons même pas : Il suffit de voir l'écart entre deux articles sur ce blog.

Plus le temps.

Je suis actuellement occupé à restaurer une seconde maison à Loches, alors qu'il reste des travaux à faire dans la première. Et mes projets "perso" - comme les TSF en wifi - sont aux oubliettes.

Sauf exception, je dois laisser la priorité des réparations "plaisir" aux amis proches et aux objets (circuit 24, amplis, chaines stéréo, lampes, oscilloscope, ...) qui encombrent déjà l'atelier et qui ne passeront pas "sur le billard" avant au moins cet hiver.

Mais c'est promis : On va continuer à réparer des trucs dès que j'aurai plus de temps pour les loisirs.

D'ici là Lionel peut patienter en regardant tourner son horloge Calor.
Car il m'a dit qu'il la trouvait trop belle pour la vendre, et pour moi ça justifie chaque minute passée à la réparer.


Horloge Calor ©electrautopsy



(*) Pour une impédance on devrait noter j au lieu de Ω, mais on va pas chipoter.

(**) En revanche, par flemme de chercher dans la caisse "Résistances > 1 W", je n'ai pas placé de résistance de décharge en // des condensateurs. Et naturellement Lionel a pris un coup de jus en touchant la prise juste après avoir débranché. Si après cet avertissement il continue à me noyer sous les objets à réparer, c'est qu'il est patient ET maso.

dimanche 5 mars 2023

Carlsbro Sherwood 65

Sébastien tient un magasin d'instruments de musique (*) à Loches (https://www.loches-piano.fr/), où il entretient, répare, accorde ou vend presque tout, du triangle au piano.

Un de ses clients lui a confié un ampli de guitare "Carlsbro Sherwood 65", qui fonctionne mais devient silencieux de temps en temps. D'après Sébastien, en appuyant au dos, en tordant un peu ici ou là, le son revient de façon intermittente.

Il l'a ouvert pour constater l'absence de panne "évidente" (cosse desserrée, prise tordue, fil cassé...), et m'a demandé si je voulais bien y jeter un coup d'œil avant que le client ne le récupère dans une dizaine de jours.

Voici donc cet ampli - qui grille la priorité à d'autres réparations - sur la table d'opérations.

Je n'en ai pas trouvé le schéma, mais pour une panne de ce type il n'est pas indispensable.

J'ai oublié d'en faire une photo dans son enceinte, on peut le voir entier ici : https://fr.audiofanzine.com/ampli-guitare-electro-acoustique/carlsbro/Sherwood-65W/

Premières constatations.

C'est une électronique claire avec deux circuits imprimés simple face et des composants classiques (alim linéaire, transistors, amplis ops) ; La fonction "réverb" est assurée par une ligne a ressorts (au fond de la caisse, non visible sur les photos).
Ici tout est encore réparable, pas d'eprom ou de dsp introuvable.

Comme vérifié par Sébastien : Pas de faux contact visible.

Essais.

Le transformateur, (un classique cube en tôles E/I), est bruyant, on entend clairement le ronronnement du 50Hz. Je l'ai débranché pour le tester à vide pendant 1h : Le bruit ne varie pas, il ne chauffe pas, pas d'odeur suspecte.

Si cet ampli re-fonctionne parfaitement un jour, il mériterait bien le remplacement du transfo par un torique de meilleure facture. 

Le courant au secondaire (2 * 28V) avec le volume audio à 0 est faible, donc pas de court-circuit dans l'électronique.

Comme je ne joue pas de guitare, j'ai branché un iPod comme source sur l'entrée "Input".

J'ai laissé fonctionner pendant 2h - mais avec le volume de sortie assez faible(**) pour ne pas em... les voisins - : Aucun problème.

J'ai essayé de tordre la carcasse, d'appuyer un peu partout sur les circuits, de bouger les fils, de taper sur les potentiomètres etc etc.

Pas le moindre craquement audible. Cette panne est bien cachée.

Origine possible ?

Le seul composant que j'identifie comme possible source d'une coupure intempestive, c'est le disjoncteur thermique collé sur le radiateur. Il coupe l'alimentation directement au primaire en cas de surchauffe.

Je n'ai pas trouvé de documentation d'après le marquage, mais ça n'empêche pas de le tester grossièrement.

  • À température ambiante le contact est bien fermé (on s'en doute puisque l'ampli fonctionne).
  • En le chauffant vers 150°C (?) avec mon fer à souder, il se déclenche = circuit ouvert.
  • En refroidissant il referme bien le contact. 

Côté soudures.

Comme j'ai déjà tourné autour d'une "soudure sèche" sans la voir immédiatement, cette fois on va employer les grands moyens : Refaire toutes les soudures du circuit "puissance". 
Je n'ai pas traité le circuit de façade : D'abord parce que le symptôme indique que la panne ne provient probablement pas de là (?), aussi parce que le temps nécessaire serait prohibitif.

Après démontage, on peut voir que certaines soudures ont déjà été (re)faites à la main : Il reste des traces de flux décapant autour de soudures brillantes, alors que les soudures "machine" (à la vague) sont propres et mattes.

J'ai protégé la surface du radiateur enduite de graisse thermique, sinon on en met partout et c'est l'enfer à nettoyer.

Une heure de travail a été nécessaire pour refaire chaque soudure : Aspiration avec le Hakko-470, soudure avec un fer bien chaud. On évite de traiter toutes les broches d'un même composant au même moment, sinon... il tombe sur la table.

Nettoyage au décapant KF, protection avec un fin voile de WD-40 essuyé au papier toilette en frottant avec une brosse à dents.

Chaque contact mobile (prises, inter, connecteur) a été traité au nettoyant contact et frotté si possible avec un coton-tige. Même l'entrée secteur et son fusible.

Nettoyage.

Comme d'habitude j'en profite pour nettoyer à la mousse tout ce qui le mérite : Boutons, façade(s), poignée, revêtement.
Si par chance cet ampli re-fonctionne, autant qu'il brille.

Test et restitution.

Le circuit est remonté - avec de la nouvelle graisse thermique -, je le ré-essaye pendant 1/2h en appuyant un peu partout là ou c'est censé faire quelque chose, avec la sonde du scope un peut partout où on voit de l'audio.


Verdict : Aucun problème constaté, même pas un tressautement de la trace.
Même chose après 2h de fonctionnement avec l'électronique de retour dans la caisse.

Je le rends à Sébastien.

Conclusion.

La panne intermittente - aussi connue sous le principe de "chez moi ça marche" chez le développeur - est le cauchemar du réparateur : Faute de la reproduire, on tâtonne à chercher une cause possible.
Même si pour ma part je ne facture pas (aux amis) ce qui n'est qu'un hobby, je n'aime pas rendre un objet en pensant qu'il va peut-être retomber en panne. 

J'attends donc des nouvelles de ce Carlsbro Sherwood 65 de la part de son propriétaire, avec l'espoir que la chance aura frappé au bon endroit.

À suivre ? 


(*) Pour les amateurs de saxo, clarinettes, etc, https://swinglab.fr/ a ouvert récemment à Loches.

Jean-Jacques, Olivier, Sébastien et de nombreux musiciens de la région ont créé / participé cet été au premier marché aux instruments à Loches .
Si à la prochaine exposition j'y vois cet ampli Carlsbro "en vente pour pièces"... je détournerai le regard.

Fin de la pub, c'est pas le syndicat d'initiatives, ici.




(**) Un jour il faudra que je m'équipe de résistances de "charge" 8 ohms / 100 W pour pouvoir simuler des haut-parleurs et tester les amplis en condition plus réelle, avec un volume élevé sans sonoriser la rue.