mardi 15 décembre 2020

HAMEG-8122

Historique.

Ce compteur / fréquencemètre fait partie des cadeaux que m'a fait Michel il y a quelques temps.

Je ne m'en suis servi que 2 ou 3 jours, il "plantait" quelquefois à l'allumage : L'affichage indiquait ce qui ressemblait à un code d'erreur. En le rallumant soit ça re-fonctionnait, soit l'erreur empirait...

Comme j'avais fini de l'utiliser (pour réparer une horloge "nixie" qui dérivait), je l'avais rapidement ausculté - sans trouver la panne -, avant de le ranger dans un carton de déménagement.

Trois ans plus tard c'est le moment de voir s'il ne se serait pas auto-réparé pendant ce long repos ?


Ben non.

À la mise sous tension, il affiche n'importe quoi. Si un bouton réagit quand on appuie dessus, c'est pour faire empirer les choses jusqu'à blocage complet.


Mais curieusement il semble fonctionner... posé sur la tranche.


On peut voir qu'il a été calibré le 20 janvier 1995.
Si je le repose délicatement sur ses pieds il reste cohérent, mais il suffit de tapoter légèrement sur la carte cpu pour qu'il plante à nouveau.


La panne intermittente : Le cauchemar du bricoleur...
Surtout si la panne ne se produit que lorsque le boîtier est fermé. Heureusement ce n'est pas le cas ici.

Il est forcément possible de le sauver ?!

Démontage, nettoyage, remontage

Je n'ai pas les outils nécessaires pour le recalibrer (une source de fréquence parfaite à 10Mhz), le but aujourd'hui est de le remettre en fonctionnement.

Dès l'ouverture j'avais constaté que ce n'est pas un modèle de série : 
  • les circuits imprimés sont étamés mais pas vernis
  • il y'a des corrections / adaptations (wraps, composants rapportés)
  • il a eu de l'étude (un inter n'est relié à rien, mais il a bien dû servir à quelque chose)
  • le circuit d'horloge est un proto.
Cela va se confirmer en poursuivant le démontage.


Le seul circuit "de production" est l'interface GPIB qui est peut-être commune à d'autres appareils.


Comme la panne semble mécanique, je regarde partout où il y a risque de court-circuit ou de mauvais contact.
Et on peut voir rapidement sur ce "proto" (?) qu'un problème mécanique a nécessité une correction :
Deux emboîtements dans une traverse métallique touchaient une piste, un bout de fil à wrapper a servi de contournement.


Mais je pense que la piste suivante reste trop proche, j'ai corrigé ça au cas où.


Une autre panne classique c'est le faux-contact sur un support de circuit intégré (ou autre).
Comme la carte est sur la table, autant en profiter.

Jeu : 35 différences se sont glissées entre ces deux photos, saurez-vous les trouver ?


Solution :

C'est l'occasion de constater que les supports DIL-20 on été bricolés avec 2 supports bout-à-bout.
Un dépoussiérage et bon coup de spray "contact" ne peuvent pas faire de mal, avant de replacer fermement chaque circuit.

J'en profite pour remplacer une entretoise qui était un peu courte.



Comme d'hab, on r'cap.

Ça devient un réflexe : Tant que c'est accessible, autant changer les condensateurs électrochimiques (même si comparativement aux TSF, 1995, c'était hier).

Je n'ai que très peu de "condos" en stock, alors j'ai passé une commande chez Digi-Key (incluant des composants pour d'autres projets).
C'est la première et dernière fois : Même si le site est en ".fr", tout vient des U.S. et il faut payer des frais de douane avant livraison. Évidemment c'est indiqué sur le site, j'aurai dû lire les petites lignes.


J'ai remplacé les découplage en sortie des régulateurs par des "tantale goutte", au moins ceux-là je les avait dans un tiroir (et ça ne vieillit pas).
On peut voir que différents écartements de broches on été prévus sur l'alimentation.

Grâce au pistolet à dessouder fraîchement réparé, le plus long pour changer une poignée de composants, c'est souder les nouveaux et couper les pattes.


Non, on ne garde plus les vieux condensateurs "au cas où", et on jette les pattes qui pourraient servir de straps dans 25 ans.


L'alim reste assez "bruyante", ici à proximité du processeur.


J'ai rajouté du découplage sur le processeur et la rom, c'est (un peu) mieux après.
Je ne vais pas être plus royaliste que les ingénieurs de Hameg, ça fonctionnait comme ça avant (*).

Et justement...

Ça fonctionne !

Mise sous tension...
Ça démarre correctement...
On tapote partout, on tourne et retourne, on met une bonne baffe , on teste tous les boutons...

C'est stable ?
  • Si oui, on referme vite.
  • Si non, on reste honnête et on l'écrit dans ce blog.

On referme. Si on peut.

Une dernière difficulté sur cet appareil ?
Les pieds et la poignée sont fixés par des rivets. Sortir ou replacer le châssis dans le coffret est un cauchemar : Ça accroche au milieu et on ne peut pas passer la main.
On y arrive avec un gros marteau de la patience.

Conclusion.

Cet appareil est un prototype, ou plus probablement une pré-série en vue de corriger des problèmes invisibles à l'étude.

Cela est confirmé par le module "OCXO" sur lequel manque un circuit intégré.
D'après le site https://www.circuitsonline.net/forum/view/128276/2 (le seul schéma que j'ai trouvé), le module comporterait une eprom qui mémorise la calibration.

Sur mon modèle : Pas d'eprom, la connexion correspondante avec la carte cpu (fils soudés) n'a pas été faite.

Je ne sais pas si je pourrai un jour recalibrer cet appareil (et avec quelle source fiable ?), mais pour mon usage il reste aujourd'hui bien plus que suffisant.


Ici derrière le générateur réglé sur 12,5 Mhz, l'erreur relative est de 0,0004%. Mais qui a raison ?


Voilà.

Hameg n'a pas attendu 26 ans mon retour d'expérience sur la maintenance du HM8122, pour le lancer en production.

C'est un peu vexant.



(*) J'ai travaillé sur des cartes avec des Z80, des hectares de ram dynamique et de logique, c'est pas 200 mV qui gênent un circuit ttl...

mardi 1 décembre 2020

Hakko 470 : Fibrillation et pneumo-thorax

Michel m'a offert ce pistolet à dessouder il y a quelques temps.

Je n'avais jamais manipulé qu'une classique pompe à dessouder manuelle, pour laquelle il fallait une main pour tenir le circuit, une main pour la pompe, une main pour le fer.

Le circuit imprimé était toujours bancal sur la table, et retirer un composant avec plus de deux broches tenait de la gymnastique.

Avec un outil comme le Hakko 470, dessouder est un jeu d'enfant.


Mais lorsque j'ai voulu le ré-utiliser pour la première fois à Loches - pour réparer le transistor "Optalix" -, il était en panne.

Voici donc venu le moment de sauver cet irremplaçable outil.

Symptôme 1:

En appuyant sur le bouton d'aspiration, la pompe se déclenche mais ne s'arrête plus. Il faut éteindre et rallumer.

Je démonte le bloc principal et je constate que deux condensateurs sont bien bombés(*) et que le circuit imprimé commence à s'oxyder par endroits.



La mesure est sans appel : Condos H.S.

Comme d'habitude je gratte le cuivre avant d'étamer au fer.
Les deux condensateurs sont en fait montés en parallèle, et je n'en ai pas de neufs en stock.
Je les remplace par un plus gros, soudé au dos du circuit.
En raison des vibrations introduites par la pompe, j'ai soudé "solide" avec les pattes pliées à plat contre des pistes larges.


Premier essai.

Ça re-fonctionne : La pompe s'arrête quand on relâche la détente.

Symptôme 2:

Si maintenant la pompe répond normalement, il n'y a pas d'aspiration par la buse du pistolet...

Je retire tous les filtres céramique passablement cramés, et après avoir vérifié qu'aucun tuyau n'est bouché, je constate que c'est bien la pompe qui n'aspire pas.
Je démonte un des flancs, et effectivement la membrane blanche qui ouvre et ferme les entrées-sorties d'air (les valves) est cuite : Elle tombe en morceaux.
La membrane noire sur le corps de la pompe (soufflet étanche) est intacte.


J'ai essayé de bricoler une valve avec du papier alu et du kapton.
Ça ne fonctionnera pas : Il manque l'effet de ressort du matériaux d'origine.


Certaines pièces détachées sont disponibles "jusqu'à fin de stock" sur www.batterfly.com, j'ai acheté plusieurs membranes blanches (valves) et des filtres céramique (à retailler).
Les pièces pour ce genre d'appareil n'étant plus fabriquées, par sécurité j'ai aussi pris des membranes noires.


Les deux côtés de la pompe sont réparés, l'électro-vanne est nettoyée, comme les paliers du moteur et des cames qui reçoivent une goutte d'huile.

Second essai.

Avant de refermer le boîtier j'essaye sur un bout de circuit qui provient de la même source que la pompe.
Tout fonctionne parfaitement : Ce connecteur USB quitte son circuit en quelques secondes.
C'est tellement efficace que les composants tombent tout seuls sur la table dès la dernière soudure aspirée.


Voilà. Avant même de commencer à réparer un ampli (c'est pour bientôt), j'ai réparé un des outils nécessaires.


C'est en forgeant qu'on devient forgeron ?

Un ami maréchal-ferrant m'a fait cette remarque : L'électronicien partage avec le forgeron la possibilité d'entretenir, ou même de fabriquer, des outils nécessaires à son métier.
Ceci sera à nouveau démontré avec la réparation du compteur "Hameg 8122".

Je pense que la satisfaction à connaître ses outils est également la même.



(*) Encore une panne liée à des condensateurs périmés.

Certains pourraient penser que "si c'est ça, réparer un appareil électronique, c'est à la portée de tout bricoleur motivé".

Et ils n'auraient pas forcément tort.

Mais comme pour le transistor "Optalix" de J-Y L., l'ampli "Denon" de Simon sera bientôt la démonstration que quelques fois cela ne suffit pas.

à suivre...


samedi 1 août 2020

L'atelier a ouvert à Loches !

Bonne année !

J'écris ceci le 6 février 2021. Même pas honte.
Comme je vais antidater cet article à août 2020 pour préserver une relative chronologie dans ce blog, je ne suis plus à un anachronisme près.

Trinquons au nouvel atelier.

Il n'y a pas que la radio AM qui est silencieuse depuis un moment.
L'installation du nouvel atelier à Loches a pris plus de temps que prévu, ce blog est resté quasi muet pendant les travaux.

Alors avant de reprendre le clavier et la photo pour quelques projets nécessitant enfin un fer à souder, voici en quelques lignes la petite histoire de cette migration :

La maison comportait une petite chambre à l'étage. En supprimant les cloisons cela fait un beau plateau. Et pas mal de gravats.


J'ai trouvé dans un "vide maison", deux bureaux industriels (années 60~70 ?).
Pas mal de boulot de démontage et nettoyage, la patine mérite d'être conservée.
Et comme ce blog parle d'objets à sauver et restaurer, les photos ont leur place ici.



J'ai remplacé le dessus en linoléum gris-vert usé, par de l'authentique linoléum, venu d'Italie !
C'est autre chose que les meuble ik.. Si le Titanic avait été construit comme ces bureaux, on aurait échappé à quelques braillements de Céline Dion.


C'est quasi fini, je dois encore installer quelques prises et relier les bureaux à la terre.


J'ai trouvé le temps de remonter quelques vieilleries à sauver, pour l'instant pour la déco.
Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.


Et alors que j'écrit cette dernière ligne :
  • Le pistolet à dessouder "Hakko 470"
  • Le poste à transistors "Optalix Studio" (1967) de JY L.
  • Le compteur/fréquencemètre "Hameg 8122" (1985)
On déjà été réparés, tandis que 
  • L'ampli "Denon SA-3900" (1976) de Simon
me pose certaines difficultés.


Articles anachroniques à venir sous peu.