dimanche 19 février 2017

Imperator 57, fin du début

Je sais, il manque un article sur la fin du travail sur la radio de Jean.
Mais je viens de terminer la restauration esthétique et je ne résiste pas à briser le suspense en montrant dès maintenant le résultat.
Encore une fois je publie dans le désordre, et en plus c'est le second article ce dimanche. C'est n'importe quoi ce blog.

Avant :

© electrautopsy


Après :






Voilà.
Jean, ta radio est belle à défaut d'être parlante.

Prochain article : Le silence est doré.




Transfo ? Ne coupez pas !

En tentant de réparer deux postes de radios à lampes je suis tombé sur des transformateurs hors service.
Si l'on désirait restaurer ces postes pour un fonctionnement tel qu'à l'origine, la solution la plus simple serait de trouver deux transformateurs compatibles sur d'autres postes irréparables.
Mais j'ai envie de tenter l'expérience de la réparation d'un transformateur.

Transformateur d'alimentation.

Le transformateur d'alimentation a son primaire coupé entre le point 0 et la borne 127 Volts.
Les autres bobinages entre chaque borne 127V ... 245V sont intacts.

© electrautopsy

Sur ces vieux modèles les tôles n'ont pas la ligne de soudure qu'on trouve sur de nombreux modèles récents.
On peut dont démonter l'entrelacs de tôles. Certaines sont intactes, d'autres rouillées ou joliment bleuies. Un des flancs en carton tombe en morceaux.

© electrautopsy

Sous le bâti de bakélite et une couche de papier isolant passablement cuit, je découvre que les 8 premières spires sont coupées juste dans un angle. Pas de trace de brûlure, mais une cassure franche.
Je pense que ce transfo a été bobiné très serré, et quand l'oxydation a fait un peu gonfler le cœur, des fils on cédé à la pliure.

Je supprime les spires cassées et vérifie à l'ohmmètre que le bobinage restant est intact avant de l'immobiliser avec du vernis.
Sur les quelques centaines de spires du primaire secteur, une dizaine de moins ne devrait pas faire une grande différence(*)...

© electrautopsy

Puis je raccorde la nouvelle extrémité à la borne, reconstitue le bâti et replace les tôles après les avoir sommairement nettoyées.

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C'est assez serré et je ne place pas le dernier "E/I" par peur de re-casser une spire.
Le flanc cassé est collé à la colle bi-composants.

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Avec quelques spires en moins je teste le transfo en plaçant le fusible sur la borne 245 Volts : Il fournit en charge très exactement les 6,3 V attendus sur son secondaire "chauffage" destiné aux filaments des tubes.
La chance a frappé.

Transformateur de sortie.

Le transformateur de sortie du même poste a également son primaire coupé quelque part.
C'est naturellement un modèle "air gap" (voir explications ici http://6bm8-lab.fr/phpBB/viewtopic.php?f=3&t=165#p2403) donc plus facile à démonter.

© electrautopsy© electrautopsy

Ici le bâti intérieur est indémontable, les fils du primaire sortent d'un amas compact de papier ciré / collé.
Je le plonge dans l'eau bouillante ce qui permet de décoller le papier et de dérouler le secondaire sans difficultés.

© electrautopsy© electrautopsy

Les fils du primaire restent inaccessibles au delà de ce qui sort du noyau. Mais curieusement je mesure maintenant environ 130 ohms entre les extrémités ? Bizarre.
Je tapote, secoue, je fais même passer un aimant au milieu et mesure la variation de tension. Ça a l'air stable...
Je soude donc deux nouveaux fils de sortie puis re-bobine le secondaire, ce qui est assez éprouvant quand il n'y a pas de flancs pour maintenir les spires extérieures.

© electrautopsy© electrautopsy

Une fois le transfo terminé, je re-mesure et obtiens à nouveau un circuit coupé ?!? Énervant et de plus en plus plus bizarre.

La pire panne est la panne intermittente, celle qui a l'humour de se cacher pour laisser croire que c'est réparé, pour ré-apparaître quand tout est remonté.
La chance n'a pas frappé deux fois au même endroit.

Je ne vais pas pousser l'expérience plus loin, ce transfo retourne pour l'instant sur son haut-parleur qui appartient de toute façon à une radio en panne.

Conclusion.

(*) Même (surtout) réparé, il n'est pas question de ré-utiliser longtemps un transformateur secteur qui est passé par ce traitement. Comme le transformateur de sortie, il a rejoint son poste "Imperator 57" dont la restauration - pour l'instant purement esthétique - touche à sa fin.

Mais la démonstration est intéressante : Au prix d'un travail un peu plus rigoureux que celui décrit ici (re-bobinage intégral), il est quelquefois possible de sauver un transformateur.

Je dédie ces modestes lignes à mon ami Eric pour qui la fabrication de transformateurs de qualité - en France ! - est plus qu'une entreprise. Nul doute que si cette radio avait été équipée de transformateurs Montelem, elle fonctionnerait encore.


Donc, à suivre : "Imperator 57" : Le silence est doré.



Radios de l'extérieur

On sait maintenant que restaurer l'électronique des TSF comme "à l'origine" ne permettra pas d'écouter grand chose, par manque de stations A.M.
Alors avant de décider ce qui sera fait l'intérieur (je sais déjà... suspense...), attaquons l'extérieur.

Imperator.

© electrautopsy

Pour commencer, les "chiures de mouches" sur le plastique n'en sont pas : Ce sont des points de rouille sur une tôle peinte.
Il n'est plus question de nettoyage, il faut repeindre. On commence par démonter chaque pièce, par chance les tétons de plastique peuvent être rognés en laissant suffisamment de tige pour la remise en place.

On peut voir que certaines dorures étaient "or rose" la teinte a disparu des parties exposées. Pour les joncs il suffirait de les retourner mais pour les flancs... on verra.

© electrautopsy© electrautopsy

La peinture est enlevée au décapant en gel et révèle une tôle en bon état.

© electrautopsy© electrautopsy

 Je décape totalement la face visible et traite les deux côtés au destructeur de rouille.

© electrautopsy© electrautopsy

Crème anglaise "maison".

Une couche d'apprêt en bombe suivie d'un lustrage à la paille de fer 0000 ont gommés les piqures et la surface est prête à être peinte. Mais la bombe de peinture que je me suis procurée au Ler** Mer*** est une cochonnerie juste bonne pour taguer un mur. Après deux tentatives (crépi ou coulures), c'est retour à la case décapant / apprêt.
Je finis par opter pour l'aérographe et je fais mon propre mélange pour obtenir la teinte : Base blanche, quelques gouttes de jaune vif un peu de marron foncé.

© electrautopsy© electrautopsy

Une belle caisse.

Pendant que la crème peinture sèche à l'abri des poussières, observons un arbre la menuiserie.
La surface n'est pas un simple plaquage, le bois massif a été cintré.
Un coin de la façade est décollé : Colle acrylique et presse, c'est de nouveau solide.

© electrautopsy© electrautopsy

Le bois a été copieusement vernis, ma première tentative de ponçage a encrassé la toile émeri sans révéler le bois.
Vu la finesse au niveau des cintrages je ne me risque pas au ponçage électrique : Place au décapant.
Et comme on n'est jamais à l'abri d'un coup de chance, cela retire également l'ancienne teinture.

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L'opération particulièrement salissante est achevée... dans la baignoire. Comme il n'est pas envisageable de rincer à grande eau, j'essuie cette "glue" à la paille de fer et à l'éponge humide. Il faudra plusieurs heures et deux nettoyages pour tout décaper, mais je suis le premier surpris par le résultat.
© electrautopsy
Il serait presque tentant de garder le bois clair tel quel, mais les courbes présentent un noircissement, provenant de la peinture intérieure absorbée par la finesse du bois à l'emplacement des cintrages. De toutes façons cela ne s'accorderait pas avec le "crème" de la façade, et le bois blond il y'en a suffisamment sur les meubles suédois.

Teinture.

J'opte pour la couleur "palissandre" (brun chaud légèrement rouge) pour ne pas trop masquer les veines du bois. La teinture est appliquée comme il se doit avec un chiffon de coton, en suivant les lignes du bois. Un second chiffon est à portée de main pour essuyer tout excès.

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Et pendant que la teinture sèche, que faire ? l'autre poste.

Uniq.

J'en suis resté à une cassure qui avait été réparée avec des agrafes. Malheureusement il y a aussi des traces de colle qui empêchent l'alignement parfait des deux parties. Écarter la fracture pour nettoyer, c'est risquer qu'elle se propage encore plus. Je préfère nettoyer au mieux (alcool forcé à l'aérographe) et recoller à la "cyano".
C'est en grattant les trace de colle au fond des creux que je constate qu'il devait y avoir là un filet doré, on veillera à le refaire.

© electrautopsy

La colle est infiltrée par l'intérieur et le tout est maintenu sous pression quelques heures.

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La ligne de fracture présente quelques éclats manquants, principalement sur les reliefs qui dessinent l'ouverture. Je bouche / reconstruit avec un mastic de modélisme, sans oublier les trous des agrafes.
J'ai essayé de teinter ce mastic en brun avec de la peinture glycéro ou de l'acrylique, mais c'est un échec. C'est possible avec certaines résines mais ici les dégâts sont suffisamment petits pour être peints à la fin.

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Puis tout est poncé au papier de verre "à l'eau" grain 1000. Comme le mastic se réduit un peu en séchant il faudra répéter l'opération 3 fois avant que les parties reconstruites soient quasiment impossible à deviner au toucher.

© electrautopsy© electrautopsy

J'ai poncé les cloques de la brûlure, mais cela fait apparaître une tache claire qui sera difficile à masquer. Cette radio n'aura peut-être pas sa place dans un musée mais on ne va pas s'arrêter là.

© electrautopsy
En attendant la suite, un prochain court article devrait - à nouveau - traiter de l'inutilité d'une réparation mais du plaisir de la tentative : "Transfo ? Ne coupez pas !"