samedi 8 septembre 2018

Errare machinator est.

(L'erreur est aux bricoleurs).

Je me suis interrogé il y'a quelques temps sur l'intérêt de réparer une radio à lampes qui ne recevrait plus rien, suite à l'arrêt des émissions AM de Radio France (à lire ici).

J'ai dit une conn une bêtise.

J'ai eu récemment démonstration de ma mauvaise interprétation, lors de l'achat de "quelques" postes (à lire ici).
Dans le lot, plusieurs postes fonctionnent parfaitement et captent - à Loches - quatre ou cinq stations "haut et fort" (dont certaines en anglais), sans antenne extérieure.
Notamment, Europe-1 émet toujours en AM.

Si le poste que je tentais de sauver - à Paris - était quasi muet, c'est probablement parce que ma réparation était incomplète (filtres déréglés ? pas d'antenne ?). Quelquefois il ne suffit pas de changer 3 ou 4 condensateurs.

Ça vaut le coût ?

La question est donc maintenant : Est-il indispensable - ou même utile - de restaurer une vieille TSF jusqu'à lui rentre la parole ? La restauration esthétique n'est-elle pas suffisante ?

Aucune règle stricte ne s'applique à une passion ni même à un hobby, chacun fixes ses limites, financières ou de temps passé.
Si les passionnés se souciaient de retour sur investissement avant de restaurer un objet, les poubelles seraient pleines de vieilles radios.

Utile ? Non.
Indispensable ? Quelquefois.

Pour ma part j'appliquerai probablement les règles suivantes :

Pour l'esthétique :

Le bois de placage, la peinture, les tissus, ... Comme pour l'électronique, le coût peut vite grimper.

Si le poste est rare :

Je m'attacherai à restaurer le poste à l'identique, sauf si le coût devient prohibitif.
Certains tissus de haut-parleur ou boutons de potentiomètre se vendent à un prix qui peut dépasser la valeur de la radio restaurée. Dans ce cas je m'autorise une substitution temporaire, tout en conservant les anciennes pièces pour une éventuelle future remise en état d'origine.

© electrautopsy
Modèle à déterminer.
Mais je ne pense pas que le tissu rose soit d'origine...

Restons humble, je ne ne vais pas ouvrir le Musée du Louvre à Loches.

Si le poste est commun :

J'ai commencé à travailler sur un poste dont le boîtier en bakélite est cassé, rayé et même brûlé, seule une peinture pourrait le rendre présentable. Irréversible sacrilège sur un poste rare, mais acceptable sur ce modèle "Uniq" autrement bon pour la casse.

Je fixerai une limite au cas par cas, suivant la beauté (subjective) de l'objet. Je trouve certaines radios sans intérêt, voire carrément moches.

© electrautopsy
 Au moins, il capte la FM.

Pourtant je vais les restaurer, mais avec un budget étudié. Et pas tout de suite.

Pour l'électronique :

Pour commencer, si on désire allumer un appareil à lampes, même occasionnellement, il est indispensable de vérifier - éventuellement restaurer - l'électronique.
Et si on ne désire pas l'utiliser, autant s'en tenir à un simple nettoyage.
Si le poste est un modèle rare, mais qu'il n'a que peu de chances de (re)fonctionner :

Je ne vais pas risquer de le dénaturer en risquant une réparation au delà de mes compétences.

Si le poste est rare, et que la réparation semble facile :

Je confirme avec une réparation temporaire, et si ça fonctionne je réparerai en suivant les principes "collection" (composants récents cachés dans les composants d'origine, fils "tissus" etc).
Si cela ne fonctionne pas, je remets le poste dans son état précédent.

Si le poste est commun mais difficilement réparable :

Je m'autoriserai parfois un détournement (enceinte bluetooth, enceinte connectée, radio FM ou internet, ...), si possible sans compromettre une remise en état future (toujours conserver les composants d'origine).

Si le poste est commun et facilement réparable :

Je le répare en limitant le travail : Composants modernes cachés dans le châssis.

Le poste fonctionne déjà  :

Le poste a peut-être été réparé ou entretenu "récemment" (il y'a 20 ou 30 ans...), sinon il est probable qu'un condensateur électrochimique de 50 ans explose au delà de quelques minutes d'utilisation.
Dans le doute je nettoie l'électronique et la mécanique (potentiomètres, supports de lampes), je remplace préventivement les quelques composants déjà en fin de vie (condensateurs, capas de liaison).



Bon.
Vivement que j'aie un nouvel atelier, sinon ce blog va finir comme lieu d'interrogations métaphysiques.
Si je manque de véritables sujets pour l'alimenter, je risque de m'occuper en visitant "le bon coin".
Et ça, c'est plus risqué que de réparer un oscilloscope branché (exemple ici).



Passez une radio.

Puis une autre radio, une autre, une autre...

Pas d'inquiétude.
À part une légère addiction aux vieilleries à lampes et autres tubes cathodiques, je n'ai pas encore de fracture, même numérique.

Avec la fermeture temporaire de l'atelier pour cause de transfert, je pensais que la truelle et le marteau seraient un bon substitut au fer à souder et à l'oscilloscope.

Mais j'ai replongé.
Je suis allé sur "leboncoin". Juste comme ça. Simplement pour regarder.

Tout doit disparaitre.

Je suis tombé sur un petit oscilloscope dont je ne connaissait pas la marque "Agelec". Il était accompagné d'importants lots de résistances et de potentiomètres qui ont éveillé ma curiosité.

Au téléphone, Monsieur L. me dit "On a aussi un lot de radios anciennes et d'autres objets, venez donc voir ?"

Quelques jours plus tard me voici devant une collection de plusieurs dizaines de radios, un énorme stock de lampes, des caisses de composants, du matériel électrique et électronique, un projecteur de cinéma, un peu de hifi, ...
Une caverne d'Ali Baba, héritée d'un parent professionnel qui a cessé son activité.

© electrautopsy
La mallette que Monsieur L. (père) utilisait.

J'ai rencontré des gens me disant "je ne sais pas ce que c'est, c'était à mon (grand) père...", et j'ai toujours plaisir à partager mes maigres connaissances avec les personnes intéressées.

Mais j'aime encore plus apprendre, et ici le plaisir fut d'échanger avec trois frères qui connaissent ce qu'il transmettent.
Nous avons discuté en nous étonnant du contenu de quelques unes des innombrables boîtes : "Tiens ? des bras de pickup ?"; "Tiens ? Un tube à éclats ?".

Tout doit être vendu assez rapidement, sans acheteur ces objets risquent une triste fin.
Si j'avais un camion - et un budget adapté - je rentrerai avec de quoi remplir la maison de Loches.

Et c'est ce que j'ai fini par faire.

Cette fois, je suis rentré avec l'oscilloscope et un multimètre Metrix,  avec les modes d'emploi d'origine !

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Metrix MX462 (1950) et Agelec TV-60 (1960 ?)

900 Km et 9m3.

J'ai cherché la meilleure solution pour transporter les pièces qui m'intéressaient le plus. Et plus j'y pensais, plus de choses m'intéressaient.
Alors j'ai loué une camionnette à Loches, et grâce à l'aide de Hervé j'ai pu effectuer un aller-retour dans la journée.

Avec un timing limité il n'était pas possible de détailler le contenu de chaque boîte.
En comparaison d'une vente pièce par pièce, mon budget - bien qu'important pour un simple hobby - était limité. Mais vendre chaque poste, chaque lampe à l'unité prendrait probablement des mois.

Je remercie les vendeurs d'avoir accepté un achat global (et de m'avoir même donné des caisses et des couvertures pour emballer...).

Nous avons chargé la camionnette de plusieurs dizaines (centaines ?) de boîtes, de dizaines de radios (y compris les modèles abîmés destinés initialement à la déchèterie).

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Des potentiomètres ? Une centaine sinon rien. Des résistances ? 30 kg au moins.

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Toutes les prises audio jamais inventées, des capas, des boutons de potars,
des inters, des supports, des transfos, des supports de lampes, des ...

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Une toute petite partie du sommet de l'iceberg.

Et comme j'aime particulièrement les instruments de mesure, je n'ai pas pu résister à ce pont de mesure fabriqué par AOIP, même s'il était en vente à part sur lbc.

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J'ai même emporté une chaise industrielle et quelques horloges murales à qui Joachim donnera une seconde vie.
La seule condition pour que je revende ou offre les objets que je ne peux pas conserver ? Être certain qu'ils auront un nouveau propriétaire qui va les respecter.

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En revanche j'ai laissé sur place des choses comme plusieurs beaux projecteurs, un téléviseur "meuble" (des années 60 ?), des outils, des lampes, ... et un générateur H.F. que je regrette déjà de ne pas avoir acheté.

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Petit exemple d'objets encore (?) disponibles, les lecteurs intéressés peuvent me contacter, je ferai suivre.

Fermé pendant l'inventaire, revenez dans 10 ans.

Même si la collection et la restauration restent mes motivations - je vais conserver chaque radio -, j'essaierai d'amortir un peu cet achat en proposant les composants en surnombre sur les sites spécialisés : Certaines lampes et la plupart des composants sont toujours utilisées dans des amplis, et je ne suis pas le seul à restaurer des postes TSF.

Mais il me faudra plusieurs semaines pour inventorier ne serait-ce que les lampes (il y'en a 6 grosses caisses de déménagement) :


© electrautopsy

Petit aperçu.

Voici quelques-uns des postes de radio qui ont fait le trajet pour Loches.
Il y a ici de nombreux postes en état "collection", déjà restaurés ou qui nécessitent peu de travail.
Ils auront une place de choix dans mon futur petit (maintenant trop petit ?) musée à Loches.


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 Ondia 90 (1952 ?) et Schneider "Calypso" (1958)

Si les années 50 marquent le passage du lourd poste en bois, au poste de table en bakélite puis en plastique, on peut remarquer l'influence du design automobile sur certains poste à deux boutons :

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Certains fonctionnent parfaitement - comme ces deux postes quasi jumeaux -, même si on ne capte que Europe-1 et une ou deux stations Anglaises. À ce propos, errare machinator est.

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Philips B2F70U (1956 ?)

Trois postes datent visiblement d'avant-guerre et sont pourtant en relativement bon état extérieur. Mais il vaut mieux ne pas regarder dedans.


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Modèles à déterminer (dont un restauré, à vérifier: Le tissus rose ?)

Une dizaine de modèles pourtant plus récents nécessitent (beaucoup) de travail et étaient promis à la déchèterie. J'aurai encore plus de plaisir à essayer de les sauver.

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Modèles à déterminer

Un poste est même en cours de restauration, on peut admirer la qualité du travail.

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Modèle à déterminer

Il y a également plusieurs transistors des années "yéyé", en voici deux :

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et même un plein carton de petits postes des années 70~80, période où l'AM a cédé la place à la FM.

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Swing Interlectronic "Imperial 181-39" (1975) et Brandt Elecronique PP25 (80' ?)

Je ne sais pas quand je reprendrai mes activités de restauration, mais j'aurai de quoi m'occuper.

Et quant à cette prétendue addiction, je me rassure en pensant que je ne suis pas le plus atteint :
Merci aux auteurs des sites tels que radio-passiontsf-radioradiomuseum, radiofil, ... grâce à qui j'ai pu identifier certains modèles.
Je débute dans "la lampe", leurs conseils me seront indispensables.



Mea culpa.
La raison de la mauvaise qualité des photos qui illustrent cet article ? Elles ont été prises dans le garage où avait été vidé le camion, au fur et à mesure du rangement des objets.
Si je dois installer un lieu de prise de vue avant un nouvel atelier, c'est pas près de sentir la soudure à Loches.