La mère de Mimi, pour qui j'ai le plaisir de restaurer cet objet, m'a demandé d'essayer de le conserver le plus possible dans son état, de le réparer sans le remplacer.
Je vais donc essayer de préserver les souvenirs figés dans la patine de ce cuir usé.
Carton bouilli, carton fouti.
Le cuir fin est collé et cousu sur un support en carton bouilli qui semble plutôt bien conservé, il n'y a pas trop de moisissure.
Seules les parties supérieures et inférieures sont irrécupérables : Le carton épais tombe en morceaux, le cuir racorni est solide mais il en manque des parties, les points de la ligne de couture sont coupés et les coutures ont quasiment disparu.
Par chance j'ai trouvé une chute de cuir fin de la même couleur au BHV, seul le grain est un peu différent.
Démontage.
Je limite l'opération au strict minimum mais il faut en passer par là. (Mimi : Rassure ta mère, l'histoire se terminera bien).
L'intérieur du dos avait un aspect feutré qui est complètement usé. C'était peut être du daim, je ne me risquerai pas à le remplacer.
L'oxydation des rivets et boutons-pression a attaqué le cuir par endroits, celui de gauche sur l'étui ne tient plus sur rien.
Je découpe le carton abîmé, creuse un passage où j'insère un morceau de cuir rigide comme support au cuir extérieur que je colle dessus à la cyano. Ce sera assez solide pour un nouveau bouton.
La difficulté suivante c'est que pour les deux éléments haut et bas, la couture correspondante sur l'étui se trouve assez près du bord. C'est pourquoi le fil était passé dans l'épaisseur du carton, cette épaisseur assurant une surface de contact à plat avec l'étui.
J'ai fait une tentative avec un carton contre-collé dans lequel j'ai incisé des passages pour le fil, mais le carton semble prêt à se déchirer quand le tire dessus.
Et si la couture dans l'épaisseur n'est pas à ma portée j'ai une autre solution : Réaliser la partie visible (cuir) sur un support plastique, et une fois cousu dans l'étui, contre-coller par l'intérieur un carton fort.
Et pour une fois, j'avais réfléchi à cette solution avant de tout démonter.
Plastique mon ennemi.
Je prends ce que j'ai sous la main - une feuille d'acrylate - et j'y découpe les deux formes. Puis je marque les points de couture avec l'idée de pré-percer le support avant d'y coller le cuir.So far, so good.
Comme souvent je décide de marquer les points de perçage avec un poinçon, mais l'acrylate est un plastique dur et cela a dû créer des micro-fissures. Le perçage se passe bien mais je casse la pièce en la replaçant dans l'étui.
J'ai compris.
J'ai de la "carte plastique" (du styrène utilisé en modélisme - c'est presque aussi solide que le pvc des cartes de crédit -) mais elle est trop fine. Deux morceaux contre-collés sous presse et c'est parfait.
Comme l'écart des points doit être constant pour une belle couture, Yukié m'a imprimé un gabarit que j'ai collé sur la face intérieure.
Cousette.
Mon expérience de la couture se limite au remplacement d'un bouton de chemise. Alors pour la couture de sellerie j'ai préféré me documenter avant : http://www.outilsloisirs.fr/content/24-couture-cuir. J'applique la méthode "Couture main en utilisant une aiguille".Comme l'accès est difficile je réalise la première passe en fil lâche, je le tends avant de faire demi-tour pour le second passage. J'ai courbé l'aiguille pour qu'elle passe à l'intérieur de l'étui.
Un passage de l'ancienne couture est coupé entre deux points mais un noeud caché à l'intérieur corrige le problème.
Voilà, pour une première expérience restauration de cuir, ce n'est pas trop mal.
nb : Le fil apparaît ici blanc à cause du flash dont j'abuse sur ce blog, mais la réparation est plus discrète que sur ces photos.
À suivre.
Je dois encore finir l'intérieur (mettre de la feutrine pour protéger l'appareil ? - je dois demander l'autorisation -), ré-assembler les deux parties, remettre des rivets et des boutons-pression et traiter le vieux cuir pour éviter qu'il continue à se déchirer.Puis on mettra un film dans cet appareil et Mimi fera la première photo.
D'ici là je vais postuler chez Hermès.
