samedi 7 juin 2025

Ampli "Michel Bigot" Tandem 250 - étape 2/? : Remontage et mesures

Restauration continuée en avril 2025

J'ai laissé l'ampli de Jean-Yves L. en morceaux sur la table depuis plusieurs jours semaines mois. Il est temps de s'y remettre.

Voici déjà quelques vérifications élémentaires non documentées lors du démontage, histoire de voir si ça valait le coup d'aller plus loin :

Les transformateurs sont OK.
Chaque transistor de l'étage de sortie est (grossièrement) testé : Aucun n'est grillé.

Montage du dissipateur

Vu la difficulté d'aligner les transistors sur le dissipateur mal percé, je place des canons isolants autour des broches.

Les vis ont été changées pour des plus longues et sont temporairement maintenues par du ruban adhésif au dos.

Elles reçoivent deux couches de gaine thermo, et des rondelles pour compenser l'épaisseur des canons.

Le dissipateur est d'abord immobilisé avant de placer les premiers transistors qui reçoivent de la graisse et des isolants mica neufs.

Les petits transistors, anciennement collés avec du vernis, sont maintenant maintenus contre le dissipateur avec une lame en ressort.

Ayant une confiance modérée en la continuité électrique des vis noires, j'ai percé le dissipateur pour passer un fil soudé sur des cosses.

Façade

La façade est complétée par des vis sans tête "6 pans creux" vissées dans l'épaisseur de la tôle. Je les ai replacées avec une goutte de colle cyano.

Les potentiomètres sont également vissés dans la façade et maintenus par un contre-écrou.

Note : Replacer les écrous par l'intérieur du boîtier est assez difficile sans une clé aux bonnes dimensions.

Corrections

Je confirme que des condensateurs d'alimentation 470µF 25 Volts reçoivent bien plus de 27 V ! Je les remplace immédiatement par des 35 V.

Certains straps sont remplacés par des fils, pour rétablir l'accès à des emplacements maintenant pourvus de cosses.

Les pistes trop étroites sont doublées par des fils de section plus appropriée.

Remontage du circuit

Les potentiomètres sont passés au KF Contact.

Les prises RCA (cinch) sont nettoyées jusqu'à briller, la partie centrale est traitée au KF Contact avec des coton-tiges.

Améliorations

Avec le circuit encore posé sur la table, j'avais constaté une forte sensibilité aux parasites (mesure effectuée sur un potentiomètre). Pour l'expérience les parasites sont générés par une lampe de table à tube néon, placée à proximité du circuit (entrée RCA ouvertes - mode "CD")

Je me doutais bien que les longues pistes de circuit imprimé - même "protégées" par des pistes de masse contiguës risquaient de se comporter comme des antennes...

Je décide de couper ces pistes à chaque extrémité pour les remplacer par des câbles blindés de bonne qualité.

Chaque câble sera soudé sur une broche carrée prenant souvent la place d'une patte de résistance, - patte elle-même re-soudée au pied de la broche.
Seul un côté de chaque câble a son blindage relié à la masse, protection avec de la gaine thermo aux deux extrémités.

C'est un gros travail (18 câbles) que je ne peux effectuer que sur des restaurations pour des amis proches.

On peut constater une nette amélioration sous la même condition de parasites :

Avant
Après

Transformation des transformateurs

Les fils sortant des transfos sont raides comme la justice et l'isolant se fracture. Je décide de placer des cosses dans les emplacements prévus sur la carcasse.

Les transformateurs seront re-placés avec les broches en haut pour faciliter l'assemblage (et éviter les fils secteur pincés par la visserie...).

Courant de repos

Le réglage du courant de repos (les seules ajustable du circuit) est difficile : Poser simplement le tournevis fait varier celui-ci.

J'ai mesuré le courant "origine" sur les résistances de 0,15 ohms : environ 30 mA. La valeur de la résistance ajustable est également mesurée, puis je la remplace par un multitours centré autour de la valeur à l'aide de deux résistance fixes.

La plage de réglage est maintenant beaucoup plus souple, on vérifiera la distorsion de "cross-over" une fois tout remonté.

Bornes de sorties H.P.

Au démontage j'avais cru que les bornes de sorties H.P. étaient de deux modèles différents, mais ce n'est pas le cas : Deux bornes avaient été coupées par manque de place !

On peut voir l'excellent travail de ponçage réalisé pour assurer le serrage sans la moitié intérieure (sarcasme...).

Je rectifie de façon identique les 4 bornes, montées avec des rondelles isolantes - même pour les noires qui sont à la masse -, que je décide de remettre dans l'ordre indiqué sur l'étiquette (les noires au milieu).

Placer les transfos et les colonnettes en dessous, c'est jouer au mikado les yeux bandés...

La solution ?

Placer les vis d'abord sur le transfo, à l'envers (par le haut) puis les colonnettes ;
Présenter le transfo - l'ampli sur la tranche - et faire sortir les vis par les trous ;

Reposer à plat au bord du bureau (vis dans le vide) ;
Sortir délicatement la vis par le dessus (pour ne pas faire tomber la colonnette) et la replacer par le dessous ;
Assurer immédiatement avec un écrou.

Et là : Surprise !

Le transformateur touche une borne rouge ?!?
Je comprends pourquoi on avait placé là une borne noire - et corrigé l'étiquette à la main - : Déjà reliée à la masse, cela évite un court-circuit. 


La seule solution que j'ai trouvé c'est remettre la cosse noire et meuler le coin du transfo 😩 pour éviter le contact (et donc une boucle de masse). Au pire, en cas de choc si la cosse touche le transfo, ça ne fera pas sauter les transistors.
Les quelques mm3 retirés au "core" du transfo ne devraient pas modifier son comportement.

Et c'est évidemment après avoir remonté les transfos, que je vois que j'ai oublié de placer le thermostat (rupture en cas de surchauffe) 😡. 

Re-re-démontage. Une chance : J'ai réussi à placer les vis sans avoir à démonter le dissipateur.

Les câbles secteur sont remis en place, au travers du fusible et du thermostat.

L'interrupteur a été raboté pour ne pas appuyer sur les fils.

Mesures

Évidemment des tests ont été effectués au fur-et-à-mesure du remontage, voici les mesures effectuées sur l'ampli avant fermeture du boîtier.

J'ai descendu le courant de repos à 20 mA sans constater de distorsion de cross-over. Après 15 minutes de "chauffe" le dissipateur est à peine tiède.

note : La sonde de sortie est en position x10 ; Entrées CD Sinus 50 mVpp @ 1 Khz.

Tension continue sur sorties

26 mV sur l'une, -40 mV sur l'autre... Soit les transistors on été appairés "au pif", soit ils ont dérivé (?).

Il n'y a pas de réglage de "zéro" sur cet ampli, je ne vais pas essayer d'en rajouter pour ces faibles valeurs.

Saturation

Début d'écrêtage vers 30 Vpp (pas le temps de photographier en raison des charges de sortie qui commençaient à être très chaudes...) 

Bande passante

Déphasage nul à 1 Khz, sortie à 26 Vpp utilisée comme référence pour les mesures suivantes

Chute à -3 dbv (18,4 Vpp) à 58 Khz !

Déphasage à 20 Khz : 31°

Temps de montée : 6,35 µs

Conclusion avant écoute

Je ne vais pas insister sur la "qualité" de fabrication de cet ampli, mais je me demande quand même comment un constructeur a osé mettre ça sur le marché.

Si c'est la rareté qui fait la valeur, j'espère que cet ampli est inestimable...
... parce que j'ai pas envie d'en voir atterrir un second sur ma table.

Le véritable test, ça sera quand on va le brancher sur les enceintes de J-Y.

À suivre

Pour l'instant je le referme, pour attaquer un Sansui AU-519 qui ne fait plus rien, à part faire clignoter sa led :(

mercredi 4 juin 2025

Avionique audio Alphatec

Réparation effectuée en mai 2025

Gilles est un ami pilote amateur. Il m'a demandé si on pouvait réparer son intercom Alphatec  203 - système de deux casques audio avec micro (Alphatec Pro), qui permet de communiquer entre pilote, passager et radio VHF -.

Un casque a un côté silencieux, et les micros semblent ne plus fonctionner (la radio émet bien, mais la voix n'est pas captée).

mea culpa : Je n'ai quasiment pris aucune photo pendant la réparation... Je vais compenser par du blabla.

Approche en VFR

Gilles avait déjà ouvert le casque défectueux pour m'envoyer cette photo :

C'est moi, ou ces condensateurs sont de travers ?

Il suppose que ceux-ci, - qui ont l'air à moitié arrachés -, sont responsables des pannes.

Atterrissage

Il temps de regarder ça de plus près, et le casque se pose sur ma table.

Le circuit est en fait le "préampli micro" présent dans la coque où arrive le câble de branchement (prise Jack 6,35mm "stéréo" à 3 contacts).

Il se promène librement au bout de ses fils, au risque de toucher autre chose comme... la tresse de masse qui regroupe plusieurs fils sur un pâté de soudure même pas isolé.

Piste courte

Déjà : Les condensateurs de 22uF/20V sont bien soudés comme ça ! L'écartement entre les pastilles est juste trop petit !

Ici après un laborieux dé-soudage qui a un peu décollé une piste.

Les "vias" (pastilles rondes) sont tellement proches des "pads" des condensateurs, que je me demande comment les broches débordant en diagonale n'étaient pas en court-circuit dessus !

Il suffit de regarder les pâtés de soudure des 3 fils, pour se demander comment ce truc a passé le moindre contrôle qualité.
Des fils soudés comme ça, dans un dispositif qui peut vibrer...

Cet avis n'engage que moi, mais je trouve déjà que la conception de ce circuit, et plus encore la qualité d'assemblage sont parfaitement dégueul... voire inadmissibles pour un outil présent dans un avion).

Maintenance pré-vol

De la prise Jack arrivent 3 fils :

- la masse est commune aux (-) haut-parleurs et au circuit (fil brun).

- la "pointe" est reliée aux (+) haut-parleurs au travers du potentiomètre de volume.

- le "milieu" alimente le circuit (fil blanc)

Le fil noir du circuit provient du micro (fil blindé dont la tresse est à la masse). 

Ce circuit n'est donc pas la cause du haut-parleur silencieux. Après vérification : Le H.P. est H.S. (bobine coupée).

Je commande l'équivalent https://www.mouser.fr/ProductDetail/253-AK5050025PM1W, en prévoyant de changer également celui de l'autre oreille au cas où les caractéristiques sonores seraient différentes.

On peut déjà comprendre que l'alimentation de la carte ET la sortie micro se trouvent sur le même fil (blanc).

Ce fil doit être alimenté par le 12V de l'avion, au travers d'une résistance - et/ou inductance ? -. La carte reçoit donc une tension plus faible - à moyenne impédance -, sur laquelle elle va superposer le signal audio.

Ce casque ne peut fonctionner que branché sur l'intercom conçu pour alimenter le micro selon le principe décrit (superposition sur un bias d'alimentation).

Malheureusement la prise Jack "standard" utilisée peut induire en erreur, car d'autres systèmes proposent la même entrée standard pour des casques sans préampli.
C'est pourquoi Gilles a cru que le micro ne fonctionnait plus : En testant le casque directement sur la VHF, sans passer par le boîtier intercom.

Remise des gaz

Gilles est revenu avec l'intercom Alphatec 903 et 2 radios, histoire de vérifier le fonctionnement avant de renvoyer ce truc dans les airs.

- On a changé le haut-parleur.

- J'ai connecté les fils sur des broches plutôt que directement sur le circuit.
Surprise ! L'écartement n'est pas de 2,54 mm comme on pourrait espérer : Les pastilles centrales sont plus proches. Ça passe avec 2x2 broches et un coup de lime entre les deux.
N'ayant pas de broches coudées en stock, j'ai plié les broches avant de solidifier les raccords avec de la gaine thermo.

- J'ai remplacé chaque condensateur de 22 µF par deux 10 µF en //. Le pire c'est que les pads sont cette fois trop éloignés ! J'ai déployé légèrement les broches de façon à ce que les condensateurs soient à peine au dessus du circuit.

La piste soulevée a été recollée à la colle epoxy, une soudure un peu chargée assure la solidité du tout.



Une des difficultés est que les câbles branchés au dos de l'intercom (prises rca/cinch), sont solidaires de l'avion - et celui-ci ne tient pas sur le bureau -.

On a fabriqué des câbles intermédiaires avec des prises jack m/f pour pouvoir brancher un scope sur le chemin, et une prise adaptateur cinch (sortie intercom) -> jack (casque) pour reproduire la connectique présente dans l'avion.


Ceci a permis de vérifier le fonctionnement du micro, qui superpose effectivement la voix sur l'alimentation.

Checklist

L'écoute est rétablie et les micros fonctionnent, on peut communiquer entre les deux vhf : Autorisation de décoller.

Debriefing

Je l'ai déjà dit plus haut, mais je reste surpris par la piètre qualité de ce matériel.

- circuit "préampli" trop petit - pour économiser quelques mm² ? -.
- routage ne respectant pas les dimensions des composants.
- assemblage à risque.
- absence de contrôle qualité ?
- utilisation de prises prêtant à confusion.

Alors, oui, on peut répondre que "ça marchait", ou préciser qu'il s'agit d'un dispositif ancien, entrée de gamme, qui a été remplacé au catalogue par un modèle plus professionnel (et j'espère mieux construit).

Néanmoins je me demande si d'autres pilotes ont eu des soucis avec cet appareil.
À toutes fins utiles, j'ai relevé le schéma du préampli. Je ne le publie pas ici pour éviter les risques liés à une éventuelle clause juridique.

Je tiens ce schéma disponible pour toute personne désireuse de comprendre ce dispositif - à titre expérimental - .

À suivre ?

Gilles possède un second boîtier intercom, on a déjà prévu de l'ouvrir pour voir comment il fonctionne.
- et d'en relever également le schéma -.


dimanche 1 juin 2025

Grille-pain Morphy Richards modèle 243010

Réparation effectuée en juin 2025

Fatima a récupéré ce grille-pain avant qu'il ne parte à la déchetterie.

Il a l'air quasi neuf, mais effectivement il a un problème : Les résistances chauffent bien mais les leviers ne se verrouillent pas en bas.

Voyons si on peut le sauver.

Démontage

Le démontage est des plus simple : Retirer les 6 vis cruciformes du dessous. Ici pas de vis indémontables ou à empreinte spéciale comme chez d'autres fabricants de petit électroménager.

Ensuite il faut retirer les boutons emboîtés, soit en glissant un petit tournevis entre la ferraille et le "verrou" plastique, soit comme ici avec une pince à griffe pour soulever délicatement le verrou.

Le circuit de la façade est relié par un connecteur. On peut ensuite le retirer du carter (4 vis) pour le replacer au bout de son câble et tester le fonctionnement.

Attention ! : Cet appareil est directement relié au secteur. Même si certains circuits sont alimentés en basse tension, la "masse" (GND) indiquée sur les circuits-imprimés peut être reliée à la phase (pour peu que l'installation électrique de la maison ne respecte pas la norme de câblage des prises.

Dans un cas comme celui-ci, pas question d'utiliser un appareil de mesure relié au neutre ou à la terre : Utiliser exclusivement des appareils sur pile, ou bien isoler l'appareil en test derrière un transformateur d'isolement.

Bon.
D'un autre côté, je ne pense pas avoir besoin d'un oscilloscope pour réparer un grille-pain.

Réparation simple

Le verrou est assuré par un un crochet maintenu par un électro-aimant.

En déplaçant un peu les circuits, je constate que ça re-fonctionne : L'électro-aimant verrouille bien le support, ça chauffe.
Panne ? Ça sent le faux-contact ou la soudure sèche (et les miettes brûlées).

J'ai nettoyé chaque contact et refait les soudures de chaque câble.
Ce qui permet d'illustrer un principe : Ne pas essayer de rajouter de la soudure dans une soudure existante.
- La soudure industrielle ne contient pas de plomb et nécessite des conditions de brasure (température) assez précises.
- La brasure "amateur" contient du plomb pour être réalisable dans des conditions moins strictes.

À gauche une soudure refaite après avoir correctement nettoyé la précédente (pompe à dé-souder, tresse et flux).
À droite un simple rajout de la même soudure (avec plomb) dans la soudure "usine".

Une fois chaque soudure refaite, plus moyen de reproduire la panne. On peut supposer que c'est réparé.

Remontage

Comme d'habitude j'essaye de rendre l'objet comme neuf, en démontant chaque pièce pour un nettoyage "personnalisé".

Hélas, ici les tôles sont assemblées par des languettes tordues. 

Je ne veux pas risque d'en casser une, donc je limite le nettoyage au bloc complet et aux faces visibles.

Après l'opération, ce grille-pain brille comme neuf, et naturellement j'ai oublié d'en faire une photo avant que Fatima ne le récupère...