dimanche 16 mars 2025

Ampli "Michel Bigot" Tandem 250 - étape 1/? : analyse -

Restauration débutée en février 2025


Jean-Yves L. possède cet ampli depuis des années, mais il n'a pas été allumé depuis longtemps (l'ampli).
Dans son souvenir, une voie avait un problème et il l'avait remisé.

D'après lui, cet ampli était fabriqué à la demande avec un long délai d'attente. Je n'ai trouvé aucune information, à part un site précisant que à peine une dizaine d'exemplaires auraient été construits (lire ici https://www.ls3-5a-forum.com), et qu'il s'agirait du MB1 de bonne réputation, mais équipé d'une double alimentation. 

Celui de J-Y L. n'a même pas de numéro de série - ce qui confirmerait sa rareté ? -, et les corrections manuelles sur les étiquettes montrent qu'il s'agit d'une production artisanale.
Et comme va le révéler la suite des opérations : Pas des meilleures.


Aujourd'hui on va déjà voir ce qu'il a dans le ventre : Analyse, changement des condensateurs et bon nettoyage avant même de le brancher.

Démontage.

Déjà, on peut constater que les transistors de sortie MJ15004 et MJ15001 sont marqués, ils ont donc été appairés. C'est un bon point pour cet ampli avec ces transistors "anciens", dont les écarts de fabrication étaient plus importants que beaucoup de transistors récents.

Contrairement à ce que j'ai tenté au début : Il est plus simple de retirer les vis extérieures que celles du circuit imprimé - dont une est inaccessible sous le radiateur -.

Les platines de prises Cinch (ou RCA, c'est pareil) sont fixées avec des rivets. Comme je ne veux pas couper trop de fils à cette étape, je les fait sauter à la perceuse, on mettra des vis au remontage.


En revanche je ne vois pas comment démonter les potentiomètres de la façade ? Je dé-soude les fils après l'indispensable photo souvenir.


Pareil pour les prises de sortie H.P. - de modèles différents pour bien gêner la sortie de la tripaille.

La première question qui se pose, c'est

"Mais comment ce truc a été assemblé ?".

La seconde, c'est

"Mais comment je vais pouvoir le remonter ?".

Premières impressions.

La critique est aisée, mais l'art est difficile. Autant en finir tout de suite avec la facilité :

Il y a des straps tordus, prêts à toucher le composant le plus proche. Des emplacements de composants prévus (ici des broches pour connecter des câbles de masse) sont inutilisables car recouverts. Du coup les câbles ont été soudés en dessous sur un bout de cosse.



Près des transfos, on n'est pas passé loins de la catastrophe : Des câbles (secteur !) ont été rappés contre les angles, d'autres ont été écrasés par la visserie.



Un transistor sensé être appuyé au radiateur, le touche à peine ; Sur un des transistors de puissance (le 2N6474 gris à droite), il manque le mica isolant !


Les surprises continuent.

Pour accéder facilement à l'alimentation, j'ai démonté le radiateur et ses transistors - après les avoir marqués pour les remettre au bon endroit -.

Le perçage du radiateur est plus qu'approximatif et il n'y a même pas de canons isolants autour des vis et des broches ?!?

Les trous sont si mal positionnés que quand les vis ou des broches sont centrées, d'autres sont proches de toucher le métal ? Même si ce défaut est accentué sur la photo (parallaxe), je me demande comment on peut (re)monter ça sans créer un court-circuit.

On va devoir fouiller dans les tiroirs pour trouver des canons, des rondelles, des mica et autre isolants.
La gaine thermorétractable me parait déjà impossible pour les vis qui ne passeraient plus par les trous.

Et puisqu'on en est déjà à dé-souder, parlons du tracé des pistes et de...

Implantation des composants.

Il y'a des capacités au dos (correction de dernière minute ?), dont les longues broches auraient mérité une gaine isolante : Je les ai remontées au rez-de-chaussée.
Les petites capas céramique étant reliés à la base d'un transistor difficilement accessible au dessus, elles restent au sous-sol.



Pour les condensateurs électrochimiques, des perçages sont soit trop éloignés, soit trop serrés pour accueillir les nouveaux.
Si le premier cas est habituel - car les composant récents sont plus petits qu'à l'époque -, en revanche les pastilles trop proches sont une erreur de conception.

Les transistors en boîtier TO-39 sont montés sur des plots espaceurs en plastique. Mais le tracé des pistes place des composants - ici des résistances et des diodes zéner - sous le support !
D'ailleurs ces plots sont bien inutiles sous les petits transistors (noirs) en boîtier TO-92, puisque ceux-ci ne peuvent pas s'appuyer dessus.


Tiens ? Il y'a aussi des trous pour des composants non montés ?

À y regarder de plus près (photo de gauche) : Sous (!) un condensateur 470µF 25 volts, je vois une diode zéner de 27 volts ?

Si ce condo est là pour filtrer du 27V comme je le crois - c'est vérifié, mais je vais quand même mesurer la tension effective - c'est ici une erreur de conception critique !
On peut déjà prévoir de le remplacer par un 35V.

Et naturellement, la commande chez Mouser est déjà partie.

Côté pistes, comment dire...

Dans les années 80 on n'avait pas d'outils grand public comme kicad pour tracer les C.I. (quel amateur a oublié les pastilles Mécanorma, les rouleaux de bande et les taches de perchlo sur les jeans ?).

N'empêche...Le routage fait très "amateur", avec des pistes qui passent dans toutes les directions, un peu "là où y'a de la place".
Passe encore...

Mais quand il est indispensable de prévoir des pistes larges pour les courants forts (alimentation, sorties haut-parleurs), c'est pas pour finir sur des pistes étroites par manque de place...
Ici en vert les larges sorties audio (collecteur des transistors de sortie) ; En orange : Le tracé jusqu'au relais qui connecte les enceintes.
C'est bien la peine d'utiliser du gros câble pour relier ces sorties aux prises H.P., comme on l'a vu au démontage...

Concernant les signaux faibles, de longues pistes transportant des niveaux "sensibles" sont séparées par des pistes de masse. Je n'ai pas les connaissances pour juger de l'efficacité de ce procédé dans le domaine du blindage audio.
Mais c'est le premier ampli que je vois utiliser cette méthode.


Avant le remontage, j'essaierai de faire quelques mesures pour voir si il serait utile de remplacer ça par du câble blindé, - à minima pour les prises d'entrée et les potentiomètres.

Fin des critiques, je voudrai pas passer pour un hater.

Et pardon à Michel Bigot s'il me lit.

On soude.

Pendant qu je me livrais à une critique facile, les condensateurs sont arrivés (comme d'habitude j'en ai pris plus pour alimenter le stock et réduire les frais de port). Pour se faire une idée, cela coûtera moins de 20 euros au propriétaire.

On ne va pas détailler à nouveau cette étape de remplacement.
Mais poser un composant en l'air parce que le C.I. est mal conçu, j'aime pas.



J'ai remplacé les straps tordus par du fil isolé transparent.
J'ai aussi nettoyé les contacts du relais qui n'a pas besoin d'être changé.

On trace.

Pour une fois sur ce blog, je me suis "amusé" a relever le schéma complet de cet ampli.
C'est pour moi une formation / exercice à l'outil Kicad que je n'ai jamais employé. 

Pourquoi c'est flou ? Lire plus bas.

Pour cela j'ai suivi les excellents cours sur Youtube (en Français !) du professeur à l'IUT de Nantes, Eric Peronnin : https://www.youtube.com/watch?v=Aj7RpaX0Y7o

Merci à lui pour la qualité de ses cours et vidéos. 

De là à simuler le fonctionnement avec LTSpice (https://www.youtube.com/watch?v=eBy8IkjP1BY) il n'y aurait qu'un pas ?
On ferra ça peut être une autre fois, car le plus important pour l'instant c'est de rendre son ampli à J-Y.

Et y'a encore un peu de boulot.

À suivre.



Pourquoi ce schéma est flouté :

Je suis partisan du partage de connaissances, de l'assistance. Moins de l'arnaque.

Quand je répare des objets pour des amis brocanteurs, je sais qu'ils sont destinés à être revendus. Il s'agit toujours d'un échange qu'on me rends en amitié, en bouteille à partager, d'un bon prix sur une pièce ou parfois même d'une tsf qui prends place dans ma collection.

Mais il m'est arrivé de proposer gratuitement quelques lampes audio à un soit-disant "bricoleur" inconnu, avant de comprendre que celles-ci allaient finir en boutique.

Je ne veux pas retrouver ces schémas en vente sur les sites de documentation payants, qui s'approvisionnent gratuitement en ramassant tout ce qu'ils trouvent sur le net.

Si quelqu'un est intéressé par ces schémas, merci de me laisser un message en commentaire, avec un contact direct (email, tél).


2 commentaires:

  1. Tu es le Champolion de la hifi , un Caravagio du fer à souder. J’peux te dire que je ne revendrai jamais la bête!… il est une partie de moi même. Merci pour cette jolie promenade un peu irréelle et onirique.

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    1. merci merci. Attendons qu'il sorte de la musique avant d'ouvrir le Vouvray. D'ici là y'aura du Bolon dans l'auditorium :)

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